Tuesday 18 August 2015

Lettre missive à ces personnes qui se reconnaîtront ici.

Quand les gens apprennent que tu travailles dans une ONG internationale, ils croient que l’arbre qui produit l’argent a finalement poussé chez toi, qu’il en produit tellement que les liasses tombent de là-haut chaque minute. 
Vous n’avez encore rien compris en fait.

Quand ils entendent et voient que tu es presque tout le temps en voyage et pas seulement en voiture 4x4, mais aussi en avion, ils se disent que les soucis pour toi, c’est de l’histoire ancienne. 
Vous n’avez encore rien compris en fait.

Quand ils expriment un besoin et pour les aider, tu partages ton budget en deux (pour éviter qu’ils ne « t’ensorcellent »), ils trouvent que tu es chiche et que tu aurais pu mieux faire. Surtout que tu t’habilles toujours bien et que le sourire ne manque jamais sur ton visage…Cela est d’autant plus triste quand la famille s’y met. 
Vous n’avez rien compris en fait.
  • Vous n’avez pas encore compris que dans les organisations internationales comme dans toute autre institution, tous les salariés ne sont pas au même niveau. Un technicien de surface ou un coursier qui travaille à l’ASECNA dira qu’il est salarié de cette agence. Et ce sera bien normal qu’il le mette sur son CV ou qu’il le poste sur Facebook. Cela ne veut pas dire qu’il est au même niveau que le Directeur général de l’ASECNA. 
  • Vous n’avez pas encore compris que le stress dans les organisations internationales est de la même proportion que la taille d’une 4X4 ou de la longueur, la difficulté et l’insécurité des incessants voyages. 
  • Enfin, vous n’avez pas encore compris qu’un jeune qui fait ses premiers pas dans la vie professionnelle a encore mille projets dans la tête pour se réaliser, et donc a besoin de moins de pression et plus de ressources pour atteindre son objectif. Il est un qui veut juste épargner pour reprendre ses études. Il est un autre qui se prépare à lancer son projet et faire ce qu’il aime. Comment pourrait-il y arriver s’il est obligé à devenir le sponsor de la famille ? Comment pourrait-il devenir le haut cadre qu’il aspire profondément à être si, au lieu d’investir pour acquérir plus de connaissance, il doit à chaque fois faire une ponction sur son budget, espérant vous aider mais que vous êtes toujours sur son dos ?

Eh bien, ne soyez pas surpris si dans dix ans, vous le retrouvez au même niveau avec le même salaire misérable, une femme, des bambins à nourrir, une maison qu’il peine à construire et une frustration énorme jusqu’à la fin de ses jours. Il n’aura pas perdu tout seul mais nous tous aurons perdu.

Moins de ressources = plus de pauvreté.
Et plus de pauvreté = zéro investissement en éducation ou en affaires.
Zéro investissement en éducation ou en affaires = Plus plus de pauvreté.

Le cycle continuera toujours ainsi si nous ne changeons pas de mentalité. On ne sortira jamais de l’auberge Coco !

A bon entendeur !!!


Ayaba